Une fois Eminié partit, il continua de traverser les étroits couloirs les uns après les autres, jusqu'à arriver à la salle d'entraînement pour les combattants, servant également à quelques tortures de toutes sortes et de tous les goûts : une salle octogonale très peu éclairée par quelques bougies régulièrement posées là, sans doute quelqu'un était-il chargé de la maintenance de l'arène. Les murs intérieurs n'étaient pas du même marbre blanc que la façade extérieure, ils étaient sombres et rugueux, humides et froids, jamais le soleil n'avait éclairé cet endroit et ça se voyait .
Le plafond était bas mais suffisament haut pour brandir une arme, et les instruments entreposés servaient autant pour l'entraînement que pour les sévices corporels : certains étaient rangés à des crochets semblables à des esses, quelques-uns cependant ne portaient rien, probablement étaient-ils là pour achever les sévices en beauté; les autres instruments jonchaient au sol... La terre au sol : une terre noire, noire comme le ciel lors d'une longue nuit d'hiver; en le fixant on s'y tromperait et on croirait marcher sur les cieux nocturnes tel un dieu, à la seule différence que les vrais cieux sont parsemés d'étoiles, et que ce ciel, lui, est maculé de sang, et que le premier est un paradis pour les uns, et le deuxième un enfer pour les autres.
Orkane était là pour s'entraîner : il retira son manteau et le posa sur un des crochets libres, puis marcha un peu dans la salle en attendant de décider par quoi il allait commencer : quelques extensions, des pompes, des abdominaux? Il ne savait pas quoi choisir, il voulait tout faire en même temps... Mais il fallait bien commencer par quelque chose!... Mais quoi?... Quoi... Il sentait que ses bras étaient encore suffisament puissants et entraînés pour n'importe quel affrontement, alors... il commença par plusieurs séries de pompes, les enchaînant les une après les autres, semblant ne jamais vouloir s'arrêter, comme prit d'une folie furieuse où d'une soudaine ardeur, un désir violent qu'il devait assouvir quelque soit l'effort qu'il devait fournir.
Poursuivant ainsi pendant quelques dizaines de minutes, il finit par se calmer, se soulevant une dernière fois puis bascula en arrière pour se mettre assis en tailleur. Inspirant et expirant profondément, il patienta dans cette position jusqu'à ce que son coeur reprenne une allure normale, alors il prit encore quelques instants pour se détendre la nuque : il fit rouler sa tête de gauche à droite toujours en soufflant, la sueur perlait sur son front, puis s'étant immobilisé Orkane observa le silence.
Se laissant tomber sur le dos, il inspira encore une fois avant de reprendre son exercice, et avec un rythme tout aussi effreiné il effectua ses séries d'abdominaux.
Ceci fait il exécuta la même action de détente que précédement, suivit de l'étirement de ses jambes : en position assise, il les tendit vers l'extérieur, puis se baissa de sorte que son front vienne se poser contre le sol; il resta ainsi une ou deux minutes puis il se releva, et marcha dans la pièce :
Très sainte Dyntha, vous ne m'avez toujours pas envoyer de signes, bien que je me rends régulièrement à votre roche!...
Oui, j'avais dit que j'attendrais d'avoir votre inspiration et que je cesserais de vous importuner avec mes questions, pardonnez-moi... Je cesse immédiatement.
Joignant ses mains il les étira d'abord devant lui puis derrière lui, histoire de se détendre les bras; la marche s'occupait d'e détendre ses jambes.
Pour finir il saisit des armes, frappant l'air de leur tranchant.
Son entraînement finit, il devait prier. Oh oui, il priait. C'était pour sa déesse Dyntha qu'il combattait, c'était pour elle qu'il s'entraînait, alors pour elle il priait. Il prit de la terre et se frotta les mains avec, il prit son manteau resté accroché à l'espèce de esse, et sortit de sa poche une petite bouteille vide; brandissant le marteau initialement conçu pour lié les fers qui attachent les prisonniers, il brisa la bouteille qu'il avait poser sur son manteau par terre en mille morceaux. Déposant le marteau à l'endroit où il l'avait prit, Orkane souleva les pans de son pantalon jusqu'aux cuisses puis s'agenouilla sur les débris de verres, les mains jointes contre son front.
Pendant un moment où il ne bougeait plus, où l'on n'entendait même plus sa respiration, l'image du priant à genoux les mains jointes rappellait les plus belles fresques des plus prestigieux temples : celui de Dyntha en faisait partie, assurément.
Sa prière terminée il se leva, soulevant aussi son manteau, puis le secoua pour faire tomber les bours de verres tachés de sang; il arrangea son pantalon de sorte qu'il retrouve sa première allure, c'est à dire qu'il descende jusqu'à ses chevilles. Maintenant il voulait rentrer pour se rafraîchir grandement, et surtout pour retrouver sa belle petite elfe. Endossant son manteau il quitta les lieux, reparcourant les couloirs pour déboucher dans les rues du quartier ouest, déjà baigné dans la lueur du soleil en fin d'après midi, un soleil sur le point de se coucher.